Texte prononcé
Madame la Présidente, Monsieur le Secrétaire général,
La Seconde Guerre mondiale a été le conflit le plus meurtrier de l'histoire. Mais au cours de leur lutte, les pays alliés, y compris le mien, ont trouvé un deuxième objectif, encore plus grand. Ils mettraient fin à la guerre. Et ils chercheraient à mettre fin à la guerre elle-même.
Ils étaient animés par le rêve d'un monde dans lequel le conflit serait remplacé par la coopération, l'oppression par la liberté, et la misère par la prospérité. Ils étaient animés par l'espoir, non par la peur - inébranlables dans leur conviction que le monde pouvait être changé pour le mieux.
Leur vision était claire :
- Un monde de paix, dans lequel la guerre serait évitée non seulement pour leur génération, mais pour toutes celles à venir.
- Un monde de justice, dans lequel les relations entre les nations seraient régies non par la force, mais par le droit.
- Un monde de liberté, dans lequel les gens ne font pas face à l'oppression, mais jouissent de droits fondamentaux sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion.
Ces idéaux vont de pair : paix, justice, liberté, dignité, droits de l'homme, droit international.
En regardant en arrière - et en effet à l'état actuel des affaires mondiales - il est douloureusement évident que nous ne respectons pas toujours ces idéaux.
Ces dernières années ont vu une érosion sans précédent des normes internationales et des violations du droit humanitaire. L'ordre international est à un point de rupture. Trop peu le défendent. Trop nombreux ont perdu foi en lui.
Pour le Luxembourg, l'ONU représente toujours les plus hautes ambitions de l'humanité. Autant les Nations Unies représentent ces idéaux, elles représentent une méthode différente, un changement de paradigme dans la façon dont les pays traitent les uns avec les autres et leurs défis communs. Les mots, pas les armes. La diplomatie, pas la guerre. La solidarité, pas la confrontation.
La création des Nations Unies il y a quatre-vingt ans n'était pas la fin du voyage vers la paix. C'était son début.
Ce voyage doit être refait chaque jour. Le Luxembourg sera toujours prêt à poursuivre ce voyage de dialogue et de coopération, avec tous ceux qui sont prêts à travailler pour la paix.
Parce que la guerre, avec tous ses résultats horribles, n'est rien d'autre que l'expression finale de ce refus radical de compromis à la racine de tous les conflits humains, ce refus obstiné d'écouter même l'autre camp.
C'est cet esprit intransigeant qui déclenche les guerres, crée des divisions et entrave le progrès, nous laissant tous dans une situation pire.
Les Nations Unies, cependant, représentent l'esprit opposé. Elles représentent la poursuite inlassable du compromis, le pouvoir formidable de la réconciliation.
Mais les Nations Unies en tant qu'institution ne peuvent pas faire de miracles. Leur succès dépend de nous tous. Elles fonctionneront, leurs idéaux peuvent être atteints, lorsque nous adopterons cet esprit dans toutes nos décisions.
- Lorsque nous travaillons pour une paix globale, juste et durable en Ukraine en respectant sa souveraineté, son autodétermination et son intégrité territoriale.
- Lorsque nous travaillons pour un cessez-le-feu immédiat et un accès humanitaire complet à Gaza, ainsi que pour la libération de tous les otages. Lorsque nous travaillons pour la mise en œuvre de la solution à deux États, avec l'État d'Israël et l'État de Palestine vivant côte à côte en paix et en sécurité. Pour maintenir cet objectif, cette semaine, le Luxembourg a officiellement reconnu l'État de Palestine.
- Lorsque nous travaillons pour garantir l'égalité des droits, éduquer tous les enfants, éradiquer la faim et la maladie et protéger notre patrimoine culturel.
- Et lorsque nous travaillons pour des Nations Unies adaptées à leur objectif, avec une gouvernance plus efficace et représentative, et avec les ressources nécessaires pour continuer à nous pousser vers nos idéaux.
Le Luxembourg sera un partenaire fiable dans tous ces efforts. Parce que nous connaissons la valeur d'un ordre mondial stable et multilatéral. Nous le savions il y a 80 ans, lorsque nous avons signé la Charte. Et nous le savons aujourd'hui, en tant que l'un des plus grands donateurs par habitant à l'aide publique au développement, contribuant régulièrement à 1% de notre revenu national brut. Cette semaine même, nous avons signé quatre nouveaux cadres de partenariat stratégique avec des agences cruciales de l'ONU.
Parce que la leçon triste de l'histoire est que, finalement, lorsque la guerre se termine et que la poussière se dépose sur les villes en ruine et les cimetières inutiles, cet esprit intransigeant doit encore céder.
Et nous devons encore vivre ensemble. Nous devons encore parler et travailler les uns avec les autres. Nous partageons encore une planète commune et une humanité commune.
Cette réalisation se trouve à l'origine de cette grande institution. Donner à ceux qui ont perdu la guerre l'opportunité d'un nouveau départ a été l'une des décisions les plus visionnaires, même si la moins intuitive, du vingtième siècle.
Ainsi, j'appelle tous les pays à honorer la promesse faite à l'humanité à San Francisco : que l'humanité travaillerait ensemble pour abandonner la guerre, et chercher la paix en adoptant une nouvelle approche, en suivant un esprit différent, l'esprit des Nations Unies.
Un esprit qui met le dialogue en premier et fait tous les efforts pour régler les différends par des moyens pacifiques, par des compromis mutuellement acceptables.
Faisons-le pour honorer ceux qui travaillent ici et dans le monde entier dans l'intérêt de toute l'humanité - pour la sécurité alimentaire, pour la protection des réfugiés, pour la santé mondiale, pour l'environnement.
Faisons-le pour honorer ces générations avant nous qui ont construit cette institution - nous donnant l'opportunité de transformer leur héritage d'espoir en réalité.
Et surtout, faisons-le pour honorer les générations à venir - qui ont tout droit de s'attendre à grandir dans un monde de paix, de liberté et de prospérité.
Rappelons-nous cet esprit aujourd'hui. Et souvenons-nous-en chaque jour. Chaque jour est une nouvelle opportunité de faire correspondre nos paroles à nos actes. Parce qu'en fin de compte, l'histoire nous jugera par ce que nous faisons.
Les Nations Unies peuvent continuer à compter sur le Luxembourg. En paroles et en actes.
Je vous remercie.